Armorial Breton

Guy Le Borgne, 1667

Amboise. Maison aussi illustre et ancienne qu’il y en ait en France, et qui a produit une infinité de personnages de grand renom, comme un admiral de France, le cardinal d’Amboise très grand ministre d’Estat, un grand-maistre de Malthe, un archevesque de Rouen, et un évesque de Tréguier. Ils portent pour armes pallé d’or et de gueulle de six pièces.

Ancenis, ancienne baronnie : de gueulle à trois quintefeilles d’hermines.

Anjou. Appanage ordinaire de l’un des enfans puisnez de France, anciennement comté, depuis érigé en duché et pairie par le roy Charles V l’an 1350. Portoit jadis de gueulle à l’escarboucle pommettée et fleuronnée d’or, contrescartelé d’or à l’aigle éployée de synople, maintenant de France à la bordure de gueulle.

Avaugour, première et ancienne baronnie de Bretagne, portoit d’argent au chef de gueulle, maintenant écartelé au premier et quatrième de Bretagne, qui est d’argent semé d’hermines de sable, contrescartelé d’autres écartelez, dont le premier et dernier sont de France ; au second et troisième de Milan, qui est d’argent à une guyvre ondée d’azur jettant par la bouche un enfant de gueulle, et sur le tout d’argent au chef de gueulle, qui est Avaugour.

Austriche. Maison des plus illustres de la chrétienté, dont les premiers seigneurs et princes ont porté pour armes d’azur à cinq allouettes d’or posées en sautoir, mais en l’an 1193 ces armes furent changées par Leopolde II duc d’Austriche, qui s’estant trouvé avec Fédéric son frère en une bataille fort mémorable contre les Sarasins, et ayant tous deux perdu leurs banières, il s’avisa de prendre à la main son escharpe blanche, et la serrant par le milieu, la trempa dans le sang des corps morts, au moyen de quoy toute l’Escharpe, qu’ils appeloient volet, fut entièrement teinte de rouge fors l’endroit qu’il tenoit dans sa main, dont il fist une espèce de banière et commença à s’écrier Austriche serviteur de Jésus-Christ. Ses soldats là-dessus ayant repris courage, il mist tous les Sarasins en déroute, apres avoir neantmoins receu si grande quantité de playes, que sa cotte d’armes de blanche qu’elle estoit, devint pareillement rouge, à la reserve de ce qui estoit sous la ceinture de son épée, qui fist une espece de fasce, aussi bien que le milieu de son volet. Et pour une singulière marque à la postérité d’une victoire si glorieuse, de l’avis unanime des principaux officiers de cette armée, ledit Leopolde II prist l’écu de gueulle chargé d’une fasce d’argent, lesquelles armes ont été continuées par les successeurs roys, ducs & archiducs, d’Austriche. Nos deux heroïnes illustrissimes reynes de France, infantes et princesses d’Espagnes, sont de cette auguste tige.